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NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Sarah MOSTREL

A hauteur de chute


Il ne sait plus parler
Est-ce la solitude, qui l’a tant frappé ?
Il ne sait plus séduire
Dur à cuire, il ne l’a jamais été pourtant

Il n’espère rien
Il continue son chemin
Il appréhende
Personne pour l’entendre

Nul pour le comprendre
Nul pour l’épauler
Plus de rêves
Quelques aspirations

Il en faut pour être à la hauteur
A hauteur d’une image
Celle qu’il s’est forgée
Que les autres lui ont affublée

Est-elle fidèle à la réalité ?
Il se cache pour ne pas savoir
Il n’a plus confiance
En l’inconnu

Sarah MOSTREL

Il trace


Il trace
Il dessine
Il en fait son dessein
A défaut de chemin

Il chante
Psalmodie
Il prie
Il rêve

Il entreprend
Combien de temps encore
Il n’a plus d’amis
Ils sont partis

Lorsque la joie s’en est allée
Elle a tout repris avec elle
Ses adeptes, ses fans
Ses conquêtes, ses rêves

Comme un ouragan
Elle a tout emporté
Son peps, ses larmes
Ses pleurs, sa lave

Où va-t-il trouver la force de vivre encore ?
Prolonger les jours qui lui sont si précieux ?
Pour quoi ? Pour qui ?
Il est tant meurtri

Sarah MOSTREL

Le désœuvré


Il y a cette histoire de l’adulte qui devient comme son parent en vieillissant
Il y a cette impuissance à résister à l’hystérie
Il y a ce changement qu’on ne peut contrer
Il y a cette anomalie irréparable

Il y a cette souffrance qui ne peut s’exprimer
Il y a enfoui, cet indicible
Il y a cette colère impossible à maîtriser
Il y a cette énigme

Il n’y a plus que sirènes et urgences
Des hélicoptères survolent la capitale
La Covid fait des siennes
Les maladies négligées, aussi

Il y a cette impossibilité de continuer
D’émerger
De souffler
D’aimer

Alors, mourir une fois pour toutes ?
Quelle solution ? se demande-t-il.

Sarah MOSTREL

Qui les regarde ?


Il n’a rien compris
Ce n’est pas faute d’avoir essayé
Force est de constater cependant :
Il y a une donnée première
Cassante, imparable

Il l’a longtemps niée
Croyant à l’être
Bannissant l’avoir autant se peut
Rien à voir, assurément
L’indifférence est meurtrière

Il s’est tourné vers le passé
Individuel, collectif
Sur plusieurs générations
Il en a trouvé des comme lui
Ou à peu près

Des qui n’avaient pas réussi
Des qui espéraient
Des qui ont échoué
Où sont-ils aujourd’hui
Qui les regarde ?

Sarah MOSTREL

Sans voix


Il fonce
Droit dans le mur
Dans la toile
Ecorchée
A vif

Il transforme la palette des pleurs
En vives couleurs
Un trompe-l’œil
Pour tromper l’ennemi ?
Qui est-il ?

il ne le sait même pas.
Personne ne l’a offensé
Ni éconduit
On l’a plutôt ignoré
Alors il a crié

Personne ne l’a entendu
Le cri était sourd
Inaudible
Etouffé
Imperceptible

A l’extérieur
Le bruit était trop fort
La corde trop serrée
Il ne pouvait rien émettre
Pas d’écho

Sa voix tenta un autre son
Il se heurta au vide
Sans réceptacle
Sans diaphragme
Sans aller-retour
Sans amour

Sarah MOSTREL


Un petit oiseau


Il était un petit oiseau
Fort et fragile à la fois
Il était frêle, il était beau
Il était courtisé ma foi

Plein de gaîté, il se pâmait
Et dansottait auprès de nous
Louant la vie et puis l’amour
Chantant la trêve et les bons jours

Il était un petit oiseau
Qui psalmodiait tant il fait clair
Des airs d’entrain, tendre refrain
Aux allures de lait et de ciel

Il gazouillait à n’en plus finir
Des thèmes en air de rien n’y faire
Bravant le temps, une ère altière
Annonce d’une aurore éternelle

Sarah MOSTREL

Harmonique


Une poésie réfléchie
Dans l’harmonie des actes
Dans l’universalité
Dans la cohérence

Pas de pseudo-humanité
La beauté en toute circonstance
Dans la non-violence
Dans le discernement

Dans la reconnaissance
Loin des amalgames
Loin de l’ignorance
Pour l’humanité tout entière

Une poésie de l’être
Une poésie honnête
Dans la totalité de l’être
Avec élévation

Dans les lueurs du ciel
Dans la profondeur de l’âme
Dans le secret du cœur
Jamais entaché

Sarah MOSTREL

Petite recette pour l’an 17


5,4,3,2,1
L’année 2017
Est celle des chansonnettes
A en perdre la tête

C’est l’année des poètes
Un an pour faire la fête
Allez, au bal musette
Agiter la sonnette

Les maux aux oubliettes
La joie en e en ette
Annonce guillerette
Goguette guinguette fleurette

Vous trouvez cela bête ?
Faites donc fi des sornettes
Troquez à la muette
Célébrez l’herbe verte

Où verbes et épithètes
Susurrent une année douce…
Que dis-je, mazette ! Parfaite !
L’âge d’or desdits poètes

Sarah MOSTREL

On Court, On Rêve


On court, on rêve, on sème, on meurt
On oublie le temps de l’amour
Sur la planète du non-retour
On ne croit plus au cours de l’heur

On trace, on casse et on efface
On reproduit les mêmes erreurs
Rancune de temps, haines de races
Brouilles de vies, conflits de mœurs

Quand je vous vois faire tant de guerres
Je tremble et je ne comprends pas
Pourquoi la mort, pourquoi l’enfer
Je prie la terre, apaise-moi !

On rivalise et on se bat
On se retourne et derrière soi
Des femmes, des hommes, des oubliés
Des enfants morts ou bien violés

On emprunte un autre chemin
Rebâtissant des villes mortes
Jusqu’à l’affrontement prochain
Que la vie n’épargnera point

Quand je vous vois faire tant de guerres
Je tremble et je ne comprends pas
Pourquoi la mort, pourquoi l’enfer
Je prie la terre, exauce-moi !

Où sont partis ces mots
Désir, savoir, culture et liberté ?
Elevons-nous, joignons les rimes
Regagnons la fraternité

Sans le concert, le monde est vain
Le monde a peine, mal et chagrin
Révélez en vous la lumière
Etincelle de nos vies sur terre

Quand je vous vois faire tant de guerres
Je tremble et je ne comprends pas
Pourquoi la mort, pourquoi l’enfer
Je prie la terre, éclaire-moi !

Inspirés de notre sagesse
Les peuples de nouveau en liesse
Règneront enfin et en retour
Paix, vérité, foi et amour

La joie, le bonheur, opérés
Nous refonderons l’éternité
Ce havre de sérénité
Dont l’humanité a le secret

Quand je vous vois faire tant de guerres
Je tremble et je ne comprends pas
A bas la mort, adieu l’enfer
Je prie la terre, je crois en Toi

Sarah MOSTREL
Sarah Mostrel est poète et écrivain.
Elle a publié plusieurs livres, dans des genres littéraires différents, dont un roman Un amour sous emprise (2016, éd. Trédaniel), deux essais Pour un humanisme éclairé (2017, éd. Au pays rêvé) et Osez dire je t'aime (2009, éd. Grancher), huit recueils de poésie (Célébration (2016, éd. Unicité), Le grand malentendu (2016, éd. Z4) et Chemin de soi(e) (2014, éd. Auteurs du monde) pour les plus récents) ainsi que trois livres d'artistes dont deux bilingues (éd. Transignum) et des recueils de nouvelles (éd. L’Echappée belle).
Musicienne, elle chante sur ses textes et vient de sortir son troisième album Des fleurs dans le regard (2017).
Ingénieur de formation initiale, Sarah Mostrel est aujourd’hui journaliste.
Elle se plaît à décrire le monde, prendre des photos et peindre.

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