NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Arnaud TALHOUARN
[13/07/2007]
L'invocation de l'absence de l'invocation devenue l'invocation de l'absence, l'invocation devenue l'invocation, l'invocation
Au dedans d'un tel cercle, au-dedans d'un cercle, au-dedans peut-être davantage en haut et à gauche peut-être davantage vers ici, peut-être une
Singulière
Annulation, une singulière
Extinction
Une
Singulière.
De se dessiner comme une distante silhouette, de se dessiner dans une distance lointaine, de se dessiner dans un lointain qui devient hypothétique, de se
Dessiner
Au
Loin.
[13/07/2007]
Au-dedans, là où on se trouve, vers l'Est ou non loin, là où se trouve l'Est ou à peu près, là où on se trouve, sans surprise vers l'Est, sans étonnement puisque trouver au fond c'est toujours trouver c'est toujours
Ici, là où on se trouve, là où se trouve ce qui est ici et maintenant, voilà
Voilà
Voilà.
Des passagères nous accompagnent maintenant, des passagères en lesquelles nous reconnaissons les compagnes de notre fade destinée et donc nulle
Surprise et donc nulle
Perplexité car nous sommes maintenant accoutumés à nous-mêmes
— Pourquoi, pourquoi, pourquoi? Questionnent-elles quand les murmures du flot qui nous entraîne, annoncent la defaite qui est prévue de longue date et puis aussi le silence qui est prévu de longue date et puis aussi le silence que nous désirons, le silence que nous attendons, le silence qui est prévu de longue date, le
Silence.
— Etrange, étrange, étrange. Psalmodient-elles tandis que nous versons de tièdes larmes qui tombent dans un flot dont l'haleine monte vers nous continuellement, amène vers nous continuellement une surprenante fraîcheur, surprenante, Continuelle, maintenant apportant une étonnante Fraîcheur, maintenant continuellement cette fraîcheur qu'on nous apporte, cette fraîcheur étonnante qu'on nous apporte, cette Fraîcheur.
[24/07/2007]
Pour
nous.
Tourne-toi vers le feu qui brûle dans ton coeur.
Chacun se questionne. Chacun
attend vainement. Nous
sommes dépossédés de nous-mêmes par l'ombre que sont devenues nos
questions.
"Viens
maintenant
Viens. "est l'antenne que chantent nos bouches éteintes. Mais
rien ne fait réponse
rien.
Les questions se détachent des questions — ressens comme elles montent, se creusent jusqu 'à se
dépouiller d'elles-mêmes entièrement
vides comme des
âmes. Tourne-toi
de ce côté, et puis de cet autre côté et
vois des
braises qui se soulèvent dans l'air avec les souffles de vent et
brillent dans la nuit comme des lucioles,
et puis s 'éteignent. Nous
sommes convoqués et abandonnés,
déçus et amers.
"Rallié à nous depuis toujours, songe avec nous maintenant à la nuit, sens avec nous la chaleur des
nuages de fumées qui nous enveloppent et font entrer dans notre peau une odeur de charbon de bois
agréable, qui rappelle le passé.
Abat, élague, équarris et
Brûle a-
fin
que
nous devenions des braises qui s'éteignent, et puis a-
fin
que
nous devenions des cendres qui partent en nuages de fumée qui ne deviennent rien."
Nous devenons nous devenons ce que nous ne sommes jamais devenus, et puis nous sommes conduits en un lieu où personne n'est conduit.
Nous sommes conduits nous sommes
conduits — n'est-ce pas évident ? Nous sommes possédés et inspirés, donc acheminés — n'est-ce pas évident ? Et
il faut que l'acheminement finisse, et qu'il y ait un lieu pour la révélation de cette fin. Or
nous sommes parvenus au lieu où la fin est révélée, le même lieu auquel nous avons été conduits patiemment, qui est :
nulle part, rien.
"Reconnais ce tour
si gai, si facile—
notre dénuement
était-il patent
pour qu'un tel désastre
nous soit destiné ?
Chacun est livré
à cette mêlée
dont s'extraient enfin
démence et oubli."
Notre aveuglement est d'une insondable immensité et
davantage encore le
mal que nous accomplissons à
cause de l'
aveuglement.
"Fais-nous éprouver encore à quel point nous sommes désorientés, défaits, évidés par notre continuelle incapacité à vivre." Son
antenne sonne, son antenne
dit :
"Cherchons une main amie. "Mais nulle part n'est la
main
amie.
"Cherchons où puiser le secours." Mais "nulle part" est le lieu où puiser
le
secours.
"Ta lucidité
Ebrouée renaît
au soleil plombé
de notre agonie.
— Ô patience, ô mirages !
L'Est rougi annonce
ta perte — Que n'est-ce
l'ultime surcroît
de notre trépas ?
— Ô patience, ô mirages !"
Mains contre
mains,
mortellement
exactes.
Arnaud TALHOUARN
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