La poésie est une manifestation
de la vie : un soulèvement de la
vie dans le langage et du langage
dans la vie. Le poème engage un
vivre dans un dire et un dire dans
un vivre comme transformation
du sujet au monde et du monde
au sujet. Laissant place à la parole
et à la voix, au corps et au langage.
À l’espace et au temps, au langage
et à l’histoire comme sujet du poème.
Faire de ne pas faire : la poésie
s’écrit au présent. De l’art et de la
vie en pays inconnu. Le poème
s’invite sur la page : tout un langage
à vivre et à inventer. Tout un travail
du connu vers l’inconnu. Qui se
refuse au déni du réel et de la réalité.
J’aime les bouches et les paroles.
J’aime les cœurs et les corps en leur
aventure.
Ce n’est pas le centre du monde,
mais le centre de nos vies. Dans
chaque regard, un silence continué.
Dans chaque geste, un monde
découvert. Tenir le pas gagné
à travers ces quais et ces ponts,
ces fleuves et ces berges, ces rues
et ces ruelles : à Paris et à Genève,
à Londres et à Amsterdam, à Venise
et à Cordoue, à Athènes et à Rome.
C’est la réalité du discours en prise
avec le réel. Le pouvoir de l’émotion
et le don d’expression. Quelque
chose qui n’en finit pas de cette
ombre sur le mur et de la lumière
qui vient. Le devenir et l’avenir
de nos vies : de notre histoire
commune. La vie attend un regard,
une écoute, une aventure qui soit
une histoire vers le monde. Quelqu’un
de singulier pour le dire. La poésie et
l’art sont l’envers vécu de cette
histoire commune.
Homme de l’avenir mon semblable :
tu te souviendras de nos pas
d’hommes. De Guillaume Apollinaire
mettant la main sur un livre rare :
réinventant le lyrisme et l’épopée
en personne. D’André Breton
cherchant l’or du temps : répondant
du peu de réalité commune devant
la poésie, l’amour et la liberté.
De Tristan Tzara s’emparant du
langage et de la vie comme nécessité
pour l’homme : transformant la
poésie-activité de l’esprit et la
poésie-moyen d’expression en
poésie-connaissance.
Arnaud Le Vac
Arnaud Le Vac vit et travaille à Paris.
Il est l’auteur de On ne part pas (2017), de Reprenons les chemins d’ici (2019) et du Manifeste pour une poétique de la modernité vers Hugo, Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Mallarmé, Apollinaire, Breton, Tzara (2021) publiés aux éditions du Cygne.
Il est cofondateur de la revue Le Génie libre et de la revue L’Oreille voit.
Il dirige la collection Voix au poème aux éditions du Cygne.
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