MATIN D'AFRIQUE
La corne des zébus, blanche et mouvante lyre
Aux luisances diaprées des brumes du matin,
Griffe l'azur cendré, par les soleils éteint,
Des mirages cursifs d'un paisible délire.
Les poussières ocrées des sentiers trop connus
Dessinent sur la peau de leurs sombres cerbères
— Farouches butas aux cambrures pubères —
Des étoiles de sable au ciel de leurs seins nus.
Cependant que l'orient d'un feu soudain s'embrase,
De confuses rumeurs naissent au sein des cases.
C'est l'heure humide encor des rêves de la nuit
Que respirent les chiens tirés de leur ennui
Par l'indécise odeur de l'âtre, ravivée,
Alors que sur le lac, immobile et lointain,
S'écrit la geste floue, sanguine délavée,
De pêcheurs devinés aux contours incertains.
Guy VIEILFAULT
Poème extrait de "Secrètes Harmonies", prix de poésie 2008 Yolaine et Stephen BLANCHARD
et publié dans le recueil "A quatre temps" ©2008, Editions Les Presses Littéraires
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