piégé sur le boulevard des métaphores
méprisant le cours des analogies
il prit le passage des métonymies
traversa le square des catachrèses
parcourut la rue des synecdoques
ne vit point le sentier des anacoluthes
tourna brusquement dans l'impasse des hyperboles
déboucha sur la cour des allégories
tenta d'atteindre l'entrée des euphémismes
s'embourba dans la mare aux circonlocutions
voulut s'accrocher à une litote qui passait
reçut un coup de tête d'un barbarisme mal placé
et périt sous une pluie de lieux communs
mais avant de disparaître
il eut juste le temps de se dire
que plus jamais il ne tenterait d'écrire
pour Maggy De Coster
dont les jeux de mots
m'ont offert le motif
un dimanche d'été
le crépuscule approche
seul
sur sa belle terrasse
contemplant la mer
il se prélasse
rêveur
songeant à son passé glorieux
soudain
il voit un escargot monter
l'escalier en colimaçon
songeur
il rêve
à une plantureuse margot
poitevine de sa jeunesse
grosse mangeuse de lumas
il sourit
et il se dit
que s'il ne faisait pas aussi chaud
il ordonnerait à son brave cuisinier
de préparer une cassolette de petit-gris
et à son bon sommelier
d'ouvrir une bouteille de château margaux
dix-neuf cent soixante et un
philosophe
il conclut prosaïquement
que l'été aussi
a des inconvénients
et il décide de s'endormir pour de bon
la petite musique morte
des bons vivants attablés
autour de leur festin
où prolifèrent les mets exquis
du profit en nage de plus value
de la détresse confite en surmenage
de la mort en gelée de précarité
leur glauque petite musique morte
disions-nous en chuchotant
pour éviter les grandes oreilles
des petits états d'urgence
leur étouffante glauque petite musique morte
continue de couvrir subtilement
les cris poussés en vain par leurs chères victimes
bon marché