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NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Pedro VIANNA

piégé sur le boulevard des métaphores
méprisant le cours des analogies
il prit le passage des métonymies
traversa le square des catachrèses
parcourut la rue des synecdoques
ne vit point le sentier des anacoluthes
tourna brusquement dans l'impasse des hyperboles
déboucha sur la cour des allégories
tenta d'atteindre l'entrée des euphémismes
s'embourba dans la mare aux circonlocutions
voulut s'accrocher à une litote qui passait
reçut un coup de tête d'un barbarisme mal placé
et périt sous une pluie de lieux communs
mais avant de disparaître
il eut juste le temps de se dire
que plus jamais il ne tenterait d'écrire


pour Maggy De Coster
dont les jeux de mots
m'ont offert le motif

un dimanche d'été
le crépuscule approche

seul
sur sa belle terrasse
contemplant la mer
il se prélasse
rêveur
songeant à son passé glorieux

soudain
il voit un escargot monter
l'escalier en colimaçon

songeur
il rêve
à une plantureuse margot
poitevine de sa jeunesse
grosse mangeuse de lumas

il sourit

et il se dit
que s'il ne faisait pas aussi chaud
il ordonnerait à son brave cuisinier
de préparer une cassolette de petit-gris
et à son bon sommelier
d'ouvrir une bouteille de château margaux
dix-neuf cent soixante et un
philosophe

il conclut prosaïquement
que l'été aussi
a des inconvénients
et il décide de s'endormir pour de bon



la petite musique morte
des bons vivants attablés
autour de leur festin
où prolifèrent les mets exquis
du profit en nage de plus value
de la détresse confite en surmenage
de la mort en gelée de précarité
leur glauque petite musique morte
disions-nous en chuchotant
pour éviter les grandes oreilles
des petits états d'urgence
leur étouffante glauque petite musique morte
continue de couvrir subtilement
les cris poussés en vain par leurs chères victimes
bon marché

 

Quatre poèmes extraits de
« Tout instant est l'instant »
Livre XXXVIII de En toute nudité
la vie est-elle

un instant âpre arrimé au hasard
un instant succulent dérobé au malheur
un instant imprécis tendu vers sa fin

cet instant imprévu où sans crier gare
une larme surgit
un rire s'affranchit
un geste s'épanche

l'instant qui ouvre et qui clôt
l'instant qui éveille et qui berce
l'instant où le néant se fait tout

la vie
la vie
n'est que l'impossible accompli

Pedro VIANNA Poète et écrivain français
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chaque instant est un instant
décisif

à chaque instant
on peut disjoncter
se déconnecter
boucher les synapses
griller les neurones
perdre la boule
se retrouver à l'ouest
à force de chercher
le levant par le ponant

et puisque l'on ne peut point y échapper
l'important
c'est de réussir
juste avant l'événement
à choisir
la bonne façon
de péter les plombs

on peut rire on peut pleurer
on peut s'ennuyer ou s'amuser
se soumettre ou s'insurger
retenez la mention (in)utile
et bonne continuation

Paris, 8.III.2008

Pedro VIANNA Poète et écrivain français
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plus le temps passe
en apparence
plus tout est immobile
plus tout semble figé
sauf les ambitions
la fin de tout
de l'histoire à l'amour
du social au mental
du politique au mythique
plus rien ne frémit
sauf la cupidité
la bêtise inerte parachève son empire
tout va bien dans le pire des mondes
rien ne va plus à la roulette universelle
madame la marquise est tombée en syncope
la majordome a épousé le marquis
les petits ont eu leur part du butin
tout baigne pour ceux si peu qui n'ont pas à se plaindre
et puis un jour
le berceau des illusions se renverse
la barcarolle devient hurlement
le doux matou sort ses griffes
les charognards reçoivent leur dû
le soleil continue de briller et la terre de tourner
mais dans le silence assourdissant des songes abolis
la vie se tord dans un immense fou rire
le mouvement se déchaîne plus que jamais entraînant
des souterrains du présent jaillit un déluge de temps
trouant la chape de plomb
il faut se méfier des os dormants

Paris, 13.VII.2008

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avant l'heure
c'est peut-être un leurre
avant l'heure
c'est peut-être déjà l'heure

après l'heure
c'est peut-être encore l'heure
après l'heure
c'est peut-être le heurt fatal

l'erreur finale
l'instant banal
qui exclut
le “on” causal
des instants suivants
que vivront encore
les “on” restants
qu'ils aient ou non
perçu le changement

subtilités
de la perception subjective
du temps

Paris, 13.IV.2008

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