1- Tout comme ton destin sera profond
Je vais vers quelque chose de méconnaissable, je ne peux pas le nommer
toute imagination est fictive car je ne trouve rien
je vois les neutrinos dans lesquels l'écume de la mer se finit
mes mains grêles ne sont pas les aiguilles d'une horloge
sur l'arène d'un torero apeuré.
Le temps est réduit, alors
nous nous heurtons quand
nous rions l'un
de l'autre
et l'éclat de Rire Cosmique est une cascade vers
le grand abîme,
nocturne séjour
sur cette terre
ces rues, pavées.
Le néant, un chien le dirait
en aboyant au passage.
Personne : c'est le chapeau du verre
dans lequel j'insiste à boire.
Réfléchissons :
Faute de reconnaissance, je méconnais
ce que je dégage.
Ce qui est faux dans la tête c'est l'oubli
contenu dans la vague remarquée
à la suite d'infinis labyrinthes.
Les robustes mains ne sont pas pressées
elles ne portent rien
le bétail s'allonge vers qui caresse son dos.
Une minute avertit sa seconde
de son explosion à la ronde
et l'abîme du grand baptême est profond
comme le sera ton destin.
Pauline LE ROY
2- Toi mon bras, mon âme
Tu es une station spatiale
Qui partant de ton corps tes entrailles
Et tes racines comme des branches me caresse
Jusque vers un bois.
Connexion des Sapins
Volant sur la terre et montant vers le ciel.
Tu es un état spécial,
La seule possibilité de guérir.
On dit que tu étais vieux
Que tu moisissais.
J'accourais u vers toi et je m'allongeais
Oh ! à quel point je t'ai caressé mon arbre ancien !
Combien je t'ai embrassé
Et me suis introduite en toi,
À chaque palpitation ta sève s'expulsait en moi
Et éjaculait comme une explosion extraordinaire,
Moi ta femelle, moi tes entrailles
Toi mon bras, toi mon âme.
Pauline LE ROY
3- Jeune molécule et sa nouvelle colline
Liquide qui coule
Dans des grandes veines.
Lettre dessinée comme un mot intime
A la place manquante
D'une jeune molécule et de son nouveau versant.
Pauline LE ROY
4- La mère des moutons sourds
La mère des moutons sourds
Cria si fort que leur laine
S'étira d'un coup
En semant la confusion.
Sourds et avec leur laine raides ils sont venus ces
Princes jusqu'à mon plateau.
Ils chantaient, mais comme ils étaient sourds
Ils ne s'arrêtaient jamais à aucune chanson.
Je leur apportais un peigne aux larges dents
Presque un ratissoire qui donnait de l'éclat
A leurs laines raides.
Puis la mère devenue heureuse
Leur chantait une chanson qui par
Son amour intense
Touchait profondément les moutons sourds
Et ils l'écoutaient et devenaient les anges
De leur propre chanson.
Pauline LE ROY
5- Léda et le Cygne
Léda est confuse
Elle pressent que l'oiseau viendra,
Elle demeure calme et solitaire
Femme aux seins plantureux
Les fruits sont à ta portée
Ouvre-toi en œufs et en baisers.
Un Cygne a beaucoup de labels
C'est un calmar de désirs,
Léda peut
Si elle veut rêver
Être les ailes de l'oiseau amoureux,
Le Cygne est affamé
Il choisit Léda comme repas
Elle, femme à secrets
Rêvant de douceur
Et le Cygne entre dans sa chair
Tanière de loup sur
Sa moitié en chaleur.
Ciel ! Viens ! Accueille Léda
Elle doit être forte et voir
Le vol de l'homme
qui sera sa retraite.
Léda tu es très belle
Laisse le Cygne te posséder
Et ainsi tu pourras voyager
En rapprochant les lieux,
Léda, ferme les yeux
Laisse-toi porter
Par le corps d'un oiseau
Qui sait voler.
Pauline LE ROY
6- Des yeux en titane
Des yeux en titane
Forment ce qui ne se nomme pas
Ce qui peut être tapis ou ailes de cristal.
Pupille d'une mère ancienne,
coursier fatigué né
des ailes flasques
des cheveux blancs des mains écrasées
de l'ovule étendu
du chant perdu.
Pauline LE ROY
7- Seule
Chevauchée par le Dieu éternel
Par le jour secret quand il est né
Le jour de tous les jours
Le jour de chaque matin
Le jour de chaque fenêtre
Le jour de ta robe
Où
Le contre-jour se baigne.
Femme au charme séduisant
Sirène qui avec son chant prend
Les pensées vagabondes et les fait bouillir
Dans une casserole de passion
Et d'émotion et au point exact
D'ébullition, l'orgasme éternel
Où nait le verbe et l'or massif
L'or sincère d'où vient le fils
Qui né dans une grotte apporte la nouvelle vie
La conscience bouillonnée, la conscience vive
Et le lit d'où tu viens
Est une gare de grands êtres
Où s'est présentée
Une occasion parfaite
Comme les grammes exacts d'une matière importante
Pour apporter ainsi l'homme touchant
La perfection de l'être, exhalation de Dieu.
Nouvel envol de l'oiseau, multitude de foulards
S'élançant vers le ciel comme un voile cousu
Qui sera le chant que tu entonneras
Seule dans ton bureau
Seule sur ton territoire,
Seule
Dans ta nouvelle histoire.
Pauline LE ROY
8- La partie d'échecs de la vie
Tu m'as brisé le cœur
Que tu m'avais déjà brisé
Dans une intrigue de jeu
D'échecs de la vie.
Blanc ou noir sur mes traces,
Tu as choisi la couleur de ta dame
Je n'ai répondu qu'à l'assaut de ton regard.
Tu as réparti mon cœur
Dans des endroits où tu ne pouvais avancer
J'ai vu ta main saisir
La pièce erronée
Et je n'ai pas pu empêcher l'issue fatale.
Pauline LE ROY
Pauline Le Roy, poète et peintre chilienne a publié sept recueils de poésie :
Magma (2009), Himinan (2011), Vulom (2012), Estambul (2013), Amanto (2015), Néon (2016) et Marina (2019).
Elle a été traduite en anglais et en français et a participé à plusieurs anthologies.
En même temps, elle joue un rôle actif dans les organisations d'écrivains telles que PEN Chili, SECH et Chili Pays de Poètes.
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