NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Graciela PAOLI
EN LAS BALDOSAS DE LA DISTANCIA
Yo que venía de mojar el pan
en la leche tibia de la risa
y de comerme a bocanadas de fruta
el afecto de mis amigos
de pronto me encuentro dando brazadas
en este mar que me sabe a lejanía
y a pirueta de tango dibujada en soledad
en las baldosas de la distancia.
Es que ha encallado el mundo
en una roca imprevista,
en el horizonte temprano de dos mil veinte
nos ha amenazado a todos,
nos “empetrola” la vida
y pende de un hilo sobre la humanidad
la negra espada de la pandemia
Habíamos ido seleccionando las piedras
y trazábamos la rayuela para comenzar el juego
en esa aurora de marzo
pero encalló el barco,
nos hundió en la incertidumbre
y cuando comenzó a hacer agua
por los cuatro costados
con la torpeza de no saber qué hacer
tapamos los agujeros con estopa de barbijo
y cerramos el paraguas de la casa
para resguardarnos detrás de sus paredes.
Los afectos flotaban en la lejanía
como islas distantes e inalcanzables
a las que no podíamos arribar.
Fue cuando el universo nos dejó el mensaje
de la pequeñez del hombre
en la nebulosa infinita en la que va inmerso
y cortó el cordón umbilical para enseñarnos
que al mundo se viene desnudo
y que las alas les crecen a los que sueñan.
Es por eso que me inventé plumas
en este vuelo de la palabra
con el que venzo el confinamiento
y recupero mi cielo
junto al cielo de los otros.
Graciela PAOLI
SUR LES CARREAUX DE LA DISTANCE
Moi qui venais de tremper le pain
dans le lait tiède du rire
et de manger des bouchées de fruits
dans l'affection de mes amis
je me retrouve à faire des brasses
dans cette mer lointaine
et une pirouette de tango dessinée dans la solitude
sur les dalles de la distance.
C'est que le monde s'est échoué
sur un rocher inattendu,
à l’aube de deux mille vingt
c’est que le monde est menacé
la vie nous "empétrole"
et l'humanité est suspendu au fil
de l'épée noire de la pandémie
Nous avions sélectionné les pierres
et tracé la marelle pour commencer le jeu
en ce début de mars
mais le navire s'est échoué
et nous a plongés dans l'incertitude
et quand il a commencé à prendre l'eau
de tous les côtés
pris au dépourvu nous bouchons
les trous avec les moyens du bord
et nous nous enfermons dans la maison
pour nous abriter derrière ses murs.
Les affections flottaient au loin
comme des îles lointaines et inaccessibles.
C'était quand l'univers nous délivrait le message
de la petitesse de l'homme
dans la nébuleuse infinie où il est plongé
et coupa le cordon ombilical pour nous apprendre
que nous sommes venus au monde nus
et que les ailes poussent à ceux qui rêvent.
C'est pourquoi j'ai inventé les plumes
dans cette envolée de mots
avec laquelle j’ai surmonté le confinement
et retrouver mon paradis
près du ciel des autres.
Graciela PAOLI
LLUEVE
Llueve,
afuera el agua es una pantalla gris
que entinta cada gramo de paisaje.
Las gotas enjambran lágrimas
y adheridas a las formas se escurren
como tendones blandos
mientras lloran al mundo.
En ese gris, el corte de un hacha,
me espeja el dolor de la humanidad
y cae al piso el árbol de la vida
con sus raíces expuestas
a todos los sufrimientos,
con sus ramas desgajadas
por la daga de la muerte,
destronado de su sitio,
cada hoja buscando un mejor viento,
un lugar donde el aire parezca menos raro.
Pobre hoja con sueños de milagro,
no sabe que el brazo de la muerte es largo,
que es difícil escapar
cuando el destino es una cruz que la señala
que irá allí donde anida
con su voracidad completa
a vaciar los estómagos
y a diseminar vientres hinchados.
Que destilará órbitas empozadas de vacío
en las páginas de la anomia del ser
en la que extraviaron
el sentido de la vida,
toda idea de mañana.
Llueve, si, hoy llueve y mientras llueve
cada gota es Yemen en la lágrima partida
que corre por la mejilla de Dios
Graciela PAOLI
IL PLEUT
Il pleut,
dehors de l'eau est un écran gris
qui encre chaque gramme de paysage.
Les gouttes grouillent de larmes
et adhèrent aux formes qui s’échappent
comme des tendons mous
comme ils crient au monde.
Dans ce gris, le coup de hache,
me reflète la douleur de l'humanité
et l'arbre de vie tombe à terre
avec ses racines exposées
à toutes les souffrances,
avec ses branches cassées
par le poignard de la mort,
détrôné de sa place,
chaque feuille recherche un vent meilleur,
un endroit où l'air semble moins bizarre.
Quand le destin la signale d’une croix
qu’elle ira là où elle niche
avec toute sa voracité
vider les estomacs
et répandre des ventres gonflés.
Pauvre feuille rêvant de miracles,
elle ne sait pas que le bras de la mort est long
qu'il est difficile d'y échapper
Qu’elle distillera des orbites vides
dans les pages de l'anomie de l'être
dans laquelle se sont égarés
le sens de la vie,
toute idée d’un lendemain.
Il pleut, oui, aujourd'hui il pleut et tant qu'il pleut
chaque goutte est le Yémen dans la larme
qui court sur la joue de Dieu
Graciela PAOLI
LIBRE ALBEDRÍO
Me gustan las avenidas amplias
porque en su devenir no callan
la rebeldía loca
de volarse hacia los confines.
La maligna expresión que nace
desde los ojos rojos de los semáforos
no logran hacerlas desistir.
Buscan el escape en el guiño verde
que les llega complaciente
a períodos de intermitencia
Decretan el libre albedrío
de sus patines endemoniados
y se lanzan a perseguir al viento
mientras les estalla en las sienes
el beso del horizonte.
Graciela PAOLI
LIBRE ARBITRE
J’aime les grandes avenues
parce qu’elles ne se taisent pas
elles se fendent en une folle rébellion
afin de s’envoler vers les confins.
L’expression maline
des yeux rouges des sémaphores
ne parvient pas à les faire capituler.
Elles cherchent à s’enfuir au clignotement du vert
qui leur parvient avec complaisance
par intermittence
Elles décrètent le libre arbitre
sur leurs patins démoniaques
et se lancent à la poursuite du vent
pendant qu’explose sur leurs tempes
le baiser de l’horizon.
Graciela PAOLI
Poèmes traduits de l’espagnol argentin par Maggy DE COSTER
SALIR DE LA SIMPLEZA
Debo salirme de esa simpleza
la noche está de trenzas
y ciñe su corona de ojos ciegos.
Las luciérnagas baten alas
salpicadas de estrellas
en el espacio nulo
que desmaya el beso.
Es momento, sí
de salirse…
que la vida se descuelgue del árbol
como en un tobogán,
que le tienda su mano
a la aventura loca
de soltarse en un verso
y reptar por la ruta
que le presta ese río
con destino incierto
y que te sumerjas
… de a poco…
en la boca abierta
de un bostezo de niebla.
Graciela PAOLI
SORTIR DE LA SIMPLICITÉ
Je dois m’en sortir.
la nuit se natte les cheveux
et attache sa couronne au-dessus des yeux aveugles.
Les lucioles battent des ailes
parsemées d’étoiles
dans l’espace vide
qui évanouit le baiser.
Il est temps, oui
de sortir ...
que la vie soit enfin découpée de l’arbre
comme sur un toboggan,
qui tend sa main
à l’aventure folle ;
il est temps de se lâcher dans un verset
et enlevée par la route
qui me prête ce fleuve
à destination incertaine
je plonge
... d’a peu...
dans la bouche ouverte
d’un bâillement de brouillard.
Graciela PAOLI
Traduction en français de Flavia Cosma
La reproduction totale ou partielle des textes publiés sur cette page est strictement interdite sauf autorisation préalable de l'auteur.
Poèmes publiés sur le site internet lemanoirdespoetes.fr