LA PLUIE RUE NORVINS
Avançant malgré tout au travers de ma rue
Je glisse sous la pluie comme à travers les feuilles
Je vais de coin en coin où les auvents accueillent
Un toit compatissant dans leur tendre étendue
D'île en île je nage : un atoll est en vue !
Le port d'un bistrot chaud aux lumières de phare
Je vais hors de la mer je m'accroche à la barre
Aux anciens parapets où des vies ont vécu
Les noyés de Rimbaud dans des échos dans l'ombre
Silencieux regardant la formule et le nombre
Il pleut dans le profond de leur verre d'ennui
Quand la pluie cessera j'embarquerai à bord
Des reflets des pavés et des lampi-ons d'or
Et des rêves heureux voguant vers aujourd'hui
Marielle Frédérique TURPAUD
LE ROI DANS LE MUSÉE
Un musée somnolent au gardien hébété,
Aux écoliers distraits, aux visiteurs errant ;
Un grand morceau gravé, pierre noire disant
De longs vers du poème aux mots non déchiffrés :
L'épopée du déluge et des dieux et du roi
Gilgamesh à l'épée des forges de Sumer,
Pleurant son ami mort au-delà des sept mers,
Cherchant à ramener son âme hors du froid.
Le professeur lettré récite l'aventure
Du grand basalte noir aux lignes d'écriture
Expliqué dans le bas de son manuel scolaire...
Et peut-être l'un d'eux, le dernier de la classe,
Regarde, les yeux flous, cette amitié qui passe
Et pense à son copain mort au stage d'hiver.
(cf la classe de neige en écho à Laurent)
Marielle Frédérique TURPAUD
HAÏKUS RICOCHANT
S'asseoir à côté
D'un autre
Et être ensemble
J'ai un jardin
C'est lui qui m'a
Colocataires
La colombe et le phonographe
Dans le bivouac d'Apollinaire
Où se cache Laurent
La guitare et la guitare
S'amusent avec nos mots
Une corde en frissonne
Marielle Frédérique TURPAUD
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