CHANSON
Le long des routes de misère
restent encore carrés de terre
où la beauté croît et prospère.
Vois au bord du chemin las
laurier blanc lis et lilas
éblouissants entrelacs.
Aux carrefours brûlent des feux,
s'en vont errant moutons et bœufs
mais ton chemin touche les cieux.
Il te faut joindre les mains
jonquille jacinthe et jasmin
le long du sordide chemin.
Tu pleures et gémis, pauvre hère,
un balluchon dans ta main serres,
t'épuisant au chemin amer.
Dans les fossés sont les morts
bleuets brize et bouton d'or
toi qui vis doucement dors.
Il y a au chemin pierreux
des fumées noires sous le ciel bleu
et des cadavres dans les creux.
Pourquoi ferais-tu le guet
muscari menthe et muguet
hardiment passe le gué
Le soleil s'est uni à l'air
dans les allées du cimetière
et a fait danser la poussière.
Si la mort est une fête
violette et pâquerette
sais-tu où la vie s'arrête ?
Parcourant des chemins de peu,
pour faire le bien toujours peureux,
comment pourras-tu être heureux ?
Toutes les voies meurtrissant
toutes les vies fleurissant
passiflore et rose sang
Elisabeth LAUNAY-DOLET
(in Amour et autres métamorphoses,
Atlantica-Séguier 2010)
LA VAGUE
Ainsi que vague de soie
sur la dune vient mourir
je sais qu'à l'heure de ma mort
Seigneur ma vie dans un soupir
à Vos pieds glissera
frémissante douceur
dont ne demeurera
que ce qui fut
d'amour
Vers le fond de l'abîme
tout le reste refluera.
Et cet amour
cet amour seulement
crête crépitante
de bonheurs irisés
à jamais s'enchâssera
dans le trésor vivant
de l'inconnue Lumière
Elisabeth LAUNAY-DOLET
(in Amour et autres métamorphoses,
Atlantica-Séguier, 2010)
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