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NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Paul-Bernard SABOURIN

Je ne l'ai jamais rencontrée
L'amour n'a pas de visage
Ni de récipiendaire annoncé.
L'amour est silence de monastère
Sourire et insouciance
Des pastourelles de l'été.

La femme est flamme qui se tord
Plie à sa convenance se dresse.
Elle est suffocante et brûlure
Qui dévaste au plein zénith
La vanité de l'homme
Frappe d'urgence sa soumission.

Je suis une ode à sa dévotion,
Je veux m'enfuir chaque nuit
Dans ses cheveux de Venise.
J'aurai la force d'affronter le jour
Déploie les linges de tendresse
Jusqu'aux portes du désir.

Paul-Bernard SABOURIN







Ils se complaisent
     à décliner
     le désordre refondateur
     à goûter
     le parfum de la fourberie
     à manier
     l'encens et le glaire.

Pourquoi devrais-je m'habiter
     à l'opprobre du créateur ?
Pourquoi serais-je coupable
     des fautes que j'ignore ?

Venir finir le temps des vies sèches
des âmes mortes.
Voici venir le temps de l'élégance
     modestement vêtue.

Est-il malséant
     de garder en son patio
     une sourire fraîche ?

Paul-Bernard SABOURIN







L'espérance de la crainte s'est enfin séparée
C'est l'instant où le rêve mange le réel
Où les artisans de paix anoblissent les frontières
Où les doux ont la force des colombes
Plus de théories au devenir acariâtre
Assez de la haine entre nation flattée
La haine vieille pieuvre qui exhale le sang
Au coin des millénaires des rues et des mémoires

Le poète écrira désormais jusqu'à plus d'encre
Des œuvres étonnantes de royale simplesse
Il écartera le déchiffrage de douteux alphabets
Pour y puiser l'amour du velours des mots
Le poète réclamera de contempler durant mille vies
Les étoiles souveraines mystérieuses et silencieuses
Qui sont regards de ses rêves en leur royaume
Il en aime le goût qui ne change point

Paul-Bernard SABOURIN




Poésie est rêverie


Laisse tes yeux rêver aux sabords de l'aventure
Paupières alourdies d'un sommeil enfui
Laisse le temps guérir tes oreilles fixes
Morsure d'apparitions anciennes
Vois d'une époque à l'autre imaginaire
Enchanter les mondes inaboutis
Fuis la femme surgie d'un autre inconnu
Qui éveille au matin ton roide lin
Fuis sa langue aux sons outranciers
Qui désarticulent tes alentours

Las ! mes yeux voient moins force lumières
Encombrées de sonorités vibratiles
Les rudes paroles tenant rang d'actions
L'amour déserte les chantiers de la joie
Ne crains pas les féroces océans de ton pays
Musique et poésie ont peint les rythmes
La paix s'étoile grinçante écorce rugueuse
La pensée accuse molle pesanteur
Le vent souffle les murailles raisonnables
Tandis que vient la nuit sans mystère

Paul-Bernard SABOURIN
« L'Ame et le brandon », l'Harmattan, 2012






dur de franchir
La marche de la porte
L'âme regimbe
Rejette se retire

Qu'importent les arbres noirs
Sur le ciel éclatante
de ma légende

Figures douces-amères
Armoiries cruelles
Mélancoliques voluptueuses
Rebonds attendus

Paul-Bernard SABOURIN
(Trajectoires, Libraire-Galerie Racine, Paris)






Mon âme fut rompue par manœuvres de faquins
Y eut-il un jour le doux-amer de l'intense satisfaction ?

Une lueur dense comme la racine du jour a fait battre mon cœur
Le bonheur s'est cassé comme lourd morceau de soleil

Toupie folle de la mémoire
Silence des souvenirs glacés

Mon existence est révolue qui fut d'ombre et de paroles
Immense fouillis que l'œuvre de Dieu…

Quel poète sans cesse peut recréer
Un monde qui n'existera jamais ?

Paul-Bernard SABOURIN
(Trajectoires, Libraire-Galerie Racine, Paris)






Tant que courra ma plume sur la plaine
Bosselée de la pensée revenue
J'irai sous le pin sylvestre
A la noce des élus
Dans la fragrance du jasmin épandu


Je me tiendrai sous l'ombre champêtre
Psalmodiant la louange de l'Aurore
Je lèverai bientôt les yeux
Vers la nef qui demeure
Carène de songeuses découvertes

Paul-Bernard SABOURIN
(Trajectoires, Libraire-Galerie Racine, Paris)



J'aime la poésie solide comme maison
ancienne
un espace conséquent
une falaise vierge
ciselé par le vent


Je redoute les semblables séquences
chaotiques
les coups sourds du marteau
sur mots solitaires
miettes de mémoire

J'aime coïncidence et hasards
aux griffes ouvertes
les vertiges poétiques
L'inédite lumière
dans les cheveux de l'Ondine

Paul-Bernard SABOURIN
(Trajectoires, Libraire-Galerie Racine, Paris)
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