CARNAVAL
L'air vibre d'une émotion étrange
Quand soudain s'offre, sous le vol de l'ange,
A visage de Colombine peint,
De Venise le fabuleux dessein.
On peut voir des sommets de la cité
Dans le lacis des canaux apprêté
A la lueur des lumières hyalines
Les longs bateaux amarrés aux palines
Cité aux couleurs de Canaletto
Du Pont des Soupirs jusqu'au Rialto
Etale dans des débauches exquises
Les costumes des ducs et des marquises
De Place Saint-Marc à la Piazetta
Quel destin se cache sous la bauta
Lorsque Venise devient une scène,
Les passants, des acteurs qui se promènent ?
Alors, dans la fièvre des interdits,
Se réinventent des jeux inédits
Commence la valse lente des masques
Sous le tabarro d'allure fantasque
Dans le bruissement de tissus soyeux
Et l'éclat diffus des bijoux précieux
Les masques posent sur notre âme émue
Le regard figé et blanc des statues.
Reinata BERTOLASO
Extrait de « A Fleurs de Mots », Editions Diérèse
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