NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Marilena LICĂ MAŞALA
Poème d'amour étrange
— poème épique en deux chants —
A la mémoire de mes parents,
A un Citoyen du Monde
Dans son absence,
Un lourd silence.
Stone, Stone Claude, Claude Stone, Stone…
Ce soir-là
Elle vient de jouer avec les mots qui composent
son nom-prénom, prénom-nom, nom-prénom !
Ce soir-là !
Il était une fois une bohémienne
Qui rêvait d'un homme,
le prince mystérieux, pourquoi pas,
Comme la Cendrillon des contes de Charles Perrault.
Ô, comme il était beau et chaleureux
L'homme de ses rêves !
Cheveux frisés, peau noire, mains fines,
Au bras, trois bracelets nlunga
En cuivre cachés dans les monts Nkanda !
Elle vient de jouer à un jeu de son enfance.
Elle voit les yeux de la gamine qui regarde le ciel
Des années soixante…
Le firmament, riche en étoiles de juillet,
Bénit la cour où les parents travaillent encore.
Dans la soirée estivale chaude, sereine, calme,
La gamine cherche une étoile…
Elle n'entend pas les appels à dîner de ses parents.
Elle s'imagine que la même étoile représente
Juste le centre de l'univers pour un gamin africain
Ce soir-là.
Il était une fois un prince du Bas-Kongo
On ne sait plus à quel point
Il a changé les anneaux ma-dyéngé en mfumu,
Le disque solaire, les armes de parade
Et ses parures d'homme,
D'une esthétique inégalable
Des hiéroglyphes d'un sacré langage,
Pour le destin d'un citoyen du monde
A Paris, dit-on, l'actuelle Mirabilia Terra
Des attentes incessantes
Des vagues d'immigrants.
Il est beau Stone, Claude Stone, Stone...
Son charme habille la chaleur et la pierre,
la pierre de la frontière de sa terre charnelle
et la chaleur de son regard au reflet du soleil congolais.
Un jeu - jeu de mots, mots du jeu.
Et la providence – un destin de femme,
composé de l'alternance du jeu et du rêve,
de la chaleur et de la pierre.
Sous la pierre repose la chaleur des parents,
Le feu des yeux de la femme continue le jeu des yeux de la gamine
Afin de croiser, dans le Paris souterrain de la Gare du Nord,
l'homme vêtu de la douceur de la pierre
de son nom-prénom non-congolais : Stone !
« Cet homme là, c'est lui qui porte, dans son cœur, le gamin de mon jeu ?! » –
s'interroge la femme.
Deux mots nuisent à son rêve :
Absence. Silence.
On ne comprend pas pour quelle raison
Un beau jour,
Le prince-magicien qui peuplait
Les rêves de la bohémienne,
Issue du parfum des contes congolais,
Mêlés à l'espoir de la rue parisienne,
Pour construire un monde meilleur,
Il est devenu plus silencieux,
Que le cadenas.
[1] Les grands amitiés s'écroulent avec fracas et sans retour,
proverbe kikongo-lari relatif au comportement social,
dans « Contes, proverbes et devinettes Bakongo »,
Roissy-en-Brie, Editions Cultures Croisées, 2003 (n.a.)
Bindiku bia binene nfwilu bu bi[1],
Nous conseille
La sagesse kikongo-lari.
Marilena LICĂ MAŞALA
Paris, le 29 septembre 2009
Version adaptée le 19 mai 2010
Poveste naivă
Un zîmbet timid şi amabil
i-a oprit pasul
de femeie nomadă.
Iar soarele de noiembrie scălda,
în părul lui ciufulit şi ondulat,
reflexe aurii.
L-a măsurat, în grabă,
mirată să afle,
în colţul trotuarului de la Scala,
Cerul prin nobleţea trupului svelt,
Umbra norilor pe fruntea lui matură,
Roua în clarul ochilor pătrunzători,
Pămîntul din gulerul cămăşii răsfrînt jucăuş,
lăsînd dezgolit privirii ei flămînde gîtul,
Lumina răsfirată pe acel obraz de tînăr bărbat
din care îi înmugurea, negricioasă, barba rasă,
probabil, dis-de-dimineaţă.
Şi ea, pornită spre zarea altui drumeag,
a poposit pentru a sorbi însetată mătrăguna
aşternută în căuşul atingerii lui ca din întîmplare —
Era în anotimpul în care Capitala
îşi oferă călătorilor
Castanii.
Bucureşti,24 noiembrie 2009
Revăzut, Paris, 18 mai 2010
Marilena LICĂ MAŞALA
LE GHETTO
Lieu sordide, de misère, lieu perdu de la banlieue parisienne, loin
Encore loin, plus loin du regard des grands hommes de la Capitale,
Gouverné et régné par la peur, qui nuit à la moralité de la laïcité contemporaine,
Habitations bon marché1, biais pour les gamins délinquants
Explication, enfin, du fléau de l'insécurité des rues. Il est, aussi, le royaume des
Travailleurs immigrants en train d'oublier de jouer à leurs rituels charnels au
Tam-tam, au luth ou au lakadou. Est-ce que je fais un cauchemar de nuit ?
O, Seigneur, ô mon bon Dieu, à le croire, aide-moi, je t'en supplie !
Paris, le 15 mai 2010
Marilena LICĂ MAŞALA
Marilena Lică-Maşala née le 23 octobre 1955, Teiu, Arges [ar-djesh], Roumanie est publiciste, documentaliste et traductrice
Après des études à la Faculté de Psychologie et Sociologie de l'Université « Hypérion » de Bucarest (1990-1994),
elle a suivi des cours hors Roumanie : de la protection du milieu environnant (Pays-Bas, 1998),
Langue et civilisation italienne (Rome, 2003-2004), Langue et civilisation française (Paris, 2008-2009),
Théâtre (Paris, 2009).
Depuis 1990, elle est présente dans la vie culturelle, associative, éditoriale et littéraire de Piteshti,
en tant que fondatrice et membre de différentes associations à but culturel-social et littéraire, sociologue,
éditrice et rédacteur de revues, livres, et journaux, réalisatrice de télévision, animatrice culturelle,
imprésario artistique et documentaliste.
Membre fondatrice de la Ligue des Ecrivains de Roumanie, section de Piteshti (2007).
Emigrée en France en 2007, elle adhère au Centre d'Accueil de la Presse étrangère et devient correspondante permanente de la revue
« Oglinda literara/Le Miroir Littéraire » de Focshani et, par moments, des revues « L'Albanais », « Critères littéraires »,
« Les Pierres de la Dame ». Publication d'essais, interviews, traductions (théâtre, poésie et prose) et créations propres,
dans les revues « Poezia/La Poésie » et « Oglinda literara/Le Miroir littéraire ».
Membre de l'association des « Amis d'Edith Piaf » et du « Musée Roy Adzac ».
Invitée en 2008 sur un
site dédié à la problématique et aux valeurs féminines (www.terrafemina.com),
Cliquer sur ce lien pour accéder à une page de ce site qui lui est consacrée
elle y présente trois chroniques sur la Roumanie.
En 2014 elle a ouvert son blog littéraire,
www.marinela;fr
Livres publiés :
« J'étais à Auschwitz le détenu A-13221, entretien avec M. Leopold Schobel »,
avec un message de Sandu Mazor (ambassadeur d'Israël à Bucarest),
préface d'Oliver Lustig, postface d'Apostol Stan, Editions « Lica », 2002 – début éditorial.
Elle a plusieurs volumes en état de manuscrits (documentaires, essai dramatique, poèmes, traductions).
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Poèmes publiés sur le site internet lemanoirdespoetes.fr