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NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Ernesto DÍAZ RODRÍGUEZ

Poèmes tirés de « A Contre Vent », Trafford Publishing, 2011

Absence


Amour, je te cherche vainement dans chaque rue
et je te cherche dans le bref remous des vagues
sans retrouver tes pas
sans avoir une vague de ta main affilée.
Je ne sais pas …   N'existeras-tu plus
que dans un autre monde
de lumières et de couleurs
où tu t'en es allée soudainement ?
Reviendras-tu un jour dans l'écho du vent ?

Parfois je me demande
si tu es partie faire des achats
ou si tu es en train d'écrire un poème
sur les ailes d'un oiseau
qui se serait perdu à l'horizon.
Je ne sais pas, mais tu me manques
quand arrive la nuit
je cherche inutilement ta voix
entre les lianes qui nouaient hier
les braises au foyer
de ta peau à ma peau
en des rêves étincelants.

Ernesto DÍAZ RODRÍGUEZ
Traduit de l'espagnol par Maggy De Coster


Par la porte de l'aube


Tu es entrée dans ma vie
par la porte de l'aube,
comme une vague
d'eau douce et salée.
Et je t'aime je t'aime tant
qu'en écoutant ton nom
devenue la gorgée bleue
d'un oiseau invisible
qui chante dans mes artères,
parce que tu t'es appropriée
mon sang insondable.

Tu n'es pas qu'un rêve,
qu'un visage inaccessible.
Maintenant tu diffuses toute la lumière
de ton corps sur le mien,
fait de sable et de brise,
pour que chaque nuit
tu puisses de tes lèvres
assoiffées d'eau douce et salée
effacer ses plages.

Ernesto DÍAZ RODRÍGUEZ
Traduit de l'espagnol par Maggy De Coster

Éclairs


La nuit est infestée d'éclairs : 
éclairs de faim, de silence,
de fissures et de fissures sur la poitrine.

La solitude pleut à verse;
la solitude, cette prostituée volontaire
qui m'oblige à la posséder à contre cœur.

La nuit est infestée d'éclairs 
éclairs de sable,
de feuilles mortes
qui égratignent les murs
qui font mordre la boue.

Parfois la volonté, manque
mais demeure l'instinct
qui te secoue l'épaule
quand la boue menace de te dissoudre.

Ernesto DÍAZ RODRÍGUEZ
Traduit de l'espagnol par Maggy De Coster


La dernière page


La dernière page tomba
à l'heure du coucher.
Demain de nouveaux insectes
viendront tresser avec leurs pattes
les cordes d'acier de ma porte.
Vers le soir les oiseaux s'en sont allés
avec leur ration ailée de liberté
rêver dans les lianes de la forêt.
Mais ici rien n'a changé.
Personne ne viendra au petit matin
nous frotter la main de ses doigts.
Nous sommes à l'heure de la crucifixion de la raison.
À l'aube la cloche éclata sous le vent.

Ernesto DÍAZ RODRÍGUEZ
Traduit de l'espagnol par Maggy De Coster


Poèmes tirés de « A Contre Vent », Trafford Publishing, 2011

Né à Cuba en 1939, Ernesto DÍAZ RODRÍGUEZ a été emprisonné pendant 22 ans en raison de ses activités anti-castristes et de sa lutte pour les droits du peuple cubain.

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Poèmes publiés sur le site internet lemanoirdespoetes.fr