NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Christine CHATILLON
LXIII
D’où te vient cette ivresse qui la nuit m’attend ?
Des étoiles sans doute - Moi aussi j’en viens.
D’où vient cet univers qui le jour m’entretient,
Et me vient et me vers et m’enivre le temps ?
D’où vient que tu es là comme un parfum d’antan,
Toi qui ne connais pas l’intense de mes riens ?
Toi que j’aime et je songe et je lis comme mien,
D’où vient que je m’absente et tu es là pourtant ?
D’où vient que je te rêve depuis si longtemps ?
Mais tu étais un autre et nous sommes un lien.
Que l’étoile s’allume comme un enfant tien…
Peut-être es-tu un mal mais tu bâtis mon bien.
Peut-être es-tu l’aurore qui nous brise tant ?
Ne laisse pas le bruit de mes pleurs en partant.
Christine CHATILLON
XI
Souvent les grands tombeaux m'appellent comme en rêve.
J'entends leur chant plaintif de sirènes blessées.
Y gisent immobiles les âmes lassées.
Je sais que les morts vivent : je vis de leur sève.
Mon corps maudit ne peut franchir la froide pierre.
Mais âpres sont les larmes des coeurs trépassés,
Et leur voix, plus profonde que l'éternité,
Ronge de l'intérieur le marbre comme un ver.
Morts, vos silences bruissent comme des symboles,
Et vos cris assassinent comme l'éphémère ;
Mais la sombre nuit seule pleure vos mystères.
Morts, laissez-moi dormir au creux de votre épaule :
Il fait nuit dans mon âme et le chaos me tue.
Rendez-moi l'éternel que le monde a perdu.
Christine CHATILLON
Mon coeur
Mon coeur, quitte ton lit
Et sors de ta pénombre,
De tes rêves sans nombre,
De tes rêves sans bruit.
Mon coeur, pleure ta pluie,
Ton visage est trop sombre,
Reconstruis tes décombres,
Goûte ton sang qui luit.
Mon coeur, aime ta vie,
Dans les plis de ton ombre,
Souviens-toi que tout sombre,
Souviens-toi qu’on oublie.
Christine CHATILLON
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