Monumentos sagrados
Por las mañanas cruzo el Sena
por el puente de Austerlitz.
Mi cuerpo se gira a la derecha.
El río se abre y forma l’Ile de la Cité.
Cada día bajo una nueva luz
se recorta la silueta de la catedral de Notre-Dame.
El viento se llevó las cenizas del incendio.
Los parisinos renuevan el contrato de 1163
con la Virgen María.
Con tecnología y fanfarria reconstruyen
el monumento para la humanidad.
Al final del puente me detengo
a saludar a los plátanos orientales.
Cruzo el Quai Saint Bernard.
A la entrada del Jardin de Plantes
desde lo alto de su pedestal,
el sabio Lamarck me da la bienvenida.
Frente a él, mi alma gira a la izquierda.
Me llaman el boldo, la luma, la patagua,
el quillay, la ñipa, el maitén y el canelo.
Hojas nuevas, brotes, botones,
flores, frutas y semillas
danzan con el giro de los astros.
Bosquecillo nativo, acá extranjero.
Prohibido pasar bajo sus copas
so pena de escuchar el agudo silbato
de advertencia de los guardias.
La ñipa no conoce las fronteras de los celadores,
me atrapa en su fragancia de puro Sur.
Inmóvil. Hipnotizado. Enraizado.
Entra a través de mis pulmones.
Cierro los ojos. Inspiro hondo.
Entran también el boldo y el canelo.
Espiro. Abro los ojos.
Escucho el chucao y el pájaro carpintero
las mareas del río Calle Calle
la lluvia que cae entre las hojas del triwe.
Ante mí un templo milenario
irrepetible e irreparable
el gran abuelo alerce.
Gran abuelo alerce
Desde antes que Siddhartha
señalara el suelo como testigo
y mucho antes que los romanos clavaran
a Cristo a dos maderos de ciprés
el gran lahuán
transmuta
el polvo cósmico en Vida.
En su mismo cielo
aparecieron los primeros signos de la escritura
las aldeas primitivas y los más grandes imperios
todas las religiones y sus fundadores
las guerras y los armisticios
las tinieblas y los milagros.
Catalizador de los giros de la Tierra y el Sol,
en la sinfonía del bosque
amaneció más de un millón de auroras.
Terremotos, volcanes e incendios,
la brisa de las mariposas
y las pisadas del huemul
modelaron sus nudos y cortezas
Una galaxia de brotes propios y ajenos crecen
en su tronco y en sus ramas.
El templo regresa al cielo,
sus paredes brotan
de vertientes subterráneas
y lavas volcánicas.
Desde la bruma ancestral
surge un águila de alas blancas.
Vuela entre suaves colinas,
acompaña el viaje de la verde certeza.
En el telar de las raíces
crecen todos los seres,
el abuelo alerce palpita por la Tierra.
La Vida tiene un corazón incansable.
Mauricio TOLOSA
Écrivain et photographe chilien
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Monuments sacrés
Le matin je traverse la Seine
Par le pont d'Austerlitz.
Je promène mon regard à droite.
Le fleuve s’ouvre et forme l'Île de la Cité.
Chaque jour la silhouette de la cathédrale Notre-Dame se redessine.
Le vent a balayé les cendres de l’incendie.
Les Parisiens renouvellent le contrat du 1163
avec la Vierge Marie.
Grâce à la technologie, ils reconstruisent en fanfare
le monument pour le bien de l'Humanité.
Je m'arrête au bout du pont
pour saluer les platanes d'Orient.
Je traverse le quai Saint Bernard.
À l’entrée du Jardin des Plantes
Le sage Lamarck me souhaite la bienvenue
du haut de son piédestal,
Face à lui mon âme tourne à gauche.
Le boldo, le luma, le patagua,
Le quillay, le ñipa, le maitén et le canelo m’appellent.
De nouveaux feuilles, bourgeons,
fleurs, fruits et graines
dansent autour des étoiles.
Le bosquet indigène, ici étranger.
Interdiction de circuler sous les arbres
sous peine d’être interpellé
par le coup de sifflet des gardiens.
Le ñipa ne connaît pas les frontières humaines,
Il me retient par son arôme pur du Sud.
Il pénètre dans mes poumons.
Je ferme les yeux
Je prends une profonde inspiration.
Je laisse y pénétrer également le boldo et le canelo.
J'expire. J'ouvre les yeux.
J'écoute le chucao et le pivert
les remous de la rivière Calle-Calle
la pluie qui tombe entre les feuilles du triwe.
Devant moi un temple millénaire
irremplaçable et irréparable
le gran abuelo alerce.
Gran abuelo alerce
Bien avant que Siddhartha
N’indiquât le sol comme témoin
et bien avant que les Romains ne crucifiassent
le Christ sur deux bois de cyprès
le grand lahuan
transmutait
la poussière cosmique en Vie.
Sous ses propres cieux
furent apparus les prémices de l’écriture
les villages primitifs et les plus grands empires
les religions et leurs fondateurs
les guerres et les armistices
les ténèbres et les miracles.
Catalyseur des rotations de la Terre autour du Soleil,
dans la symphonie de la forêt
plus d’un million d’aurores se sont levées.
Les tremblements de terre, les volcans et les incendies,
la brise des papillons
et les empreintes du huemul
avaient modelé ses nœuds et ses écorces
Une galaxie de ses propres pousses et d’autres
croissent sur ses troncs et ses branches.
Le temple retourne au ciel,
Et de ses murs jaillissent
des sources souterraines
et des laves volcaniques.
De la brume ancestrale
émerge un aigle aux ailes blanches.
Il vole entre les douces collines,
accompagne le voyage vers la verte certitude.
Dans le tissu des racines
tous les êtres qui grandissent,
l’abuelo alerce vibre à travers la terre.
La vie a un cœur infatigable.
Mauricio TOLOSA
Écrivain et photographe chilien
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Traduction française : Maggy De Coster