NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Patrick EDÈNE
LA LIBERTÉ
Vous pouvez, certes, tenter de me nier ou de me lier ;
Essayer de m'appauvrir par les gens que vous spoliez,
Ou m'interdire, m'infirmer voire me supprimer,
Je surgirai partout, en tout, toujours plus affirmée !
Vous pouvez m'écraser, ici ou là, sous votre poids,
Par les vils abus de vos violences et de vos faux droits,
Me faire marcher, soumise, tel Jésus portant sa croix,
Je reviendrai encore, sans cesse, plus ferme de foi !
Vous pouvez tenter de me trahir ou de me tuer,
De m'asservir, de me nuire ou de me destituer,
De me brûler, de m'ensevelir ou de m'emmurer,
Je renaîtrai pourtant, à chaque fois mieux déterrée !
Vous pouvez m'étouffer par vos infernales dictatures
Et m'enfermer dans les vieux coffres de vos forfaitures ;
Me détruire ou me faire taire lors de vos tortures,
Je m'exprimerai plus fort par la voix de ma nature !
Vous pouvez vouloir me faire expier vos propres péchés,
Me diminuer, m'amputer ou même me trancher,
Me faire périr en m'altérant de plusieurs façons,
Je durcirai de plus en plus comme l'eau en glaçon !
Car je suis dans l'espace, dans les arbres, dans les oiseaux
Dans le vent, dans les fleurs, les nénuphars et les roseaux ;
Je suis dans tout être, dans les rivières et dans le temps,
Dans l'été, dans l'automne, dans l'hiver et le printemps !
Car je suis dans les espoirs, dans les regards, dans les corps,
Dans tous les lieux, à l'infini, au sud, est, ouest et nord ;
Je suis dans les amours, dans l'homme et aussi dans la femme,
Dans le souffle de chacun et à l'intérieur des âmes !
Car je suis la force en tout, aux pouvoirs illimités ;
Je suis l’existence et la vie, je suis la Liberté !
Patrick EDÈNE
JUSTICE
Aveugle et sourde est la patrie reconnaissante
Quand elle honore de trop de gloire étourdissante,
Ceux qui par un heureux destin sont devenus
Des illustres personnes au talent reconnu
Et qu'elle ne comprend pas que la fleur éclose
A reçu de racines, sa force de rose !
Injustes et graves sont les articles des lois
Sous lesquelles l'esprit du peuple soumis ploie,
Forcé de penser que seuls peu d'hommes sont dignes
De recevoir, de la Présidence, un insigne,
Une médaille, une belle décoration
Dont l'emblème est une illusion de la Nation !
Dressé dans le ciel de Paris, le Panthéon
Se gonfle d'orgueil pour luire comme un néon
Dont on voit la lumière mais non l'invention,
Par habitude à ne fixer son attention
Que sur ce qui est porté, non sur ce qui porte,
Comme si l'effet vivait la cause étant morte !
Partout des monuments glorifient quelques êtres
En ignorant ceux qui les ont fait apparaître,
En niant les aides multiples nécessaires
A tous les glorifiés qui sont donc des faussaires
Si l'on suppose que rien d'autrui n'est en eux
Ou qu'il n'y a pas deux bouts de fils dans un nœud !
Sortons de terre les mausolées de l'histoire,
Mais sachons les utiliser comme écritoires
Pour inscrire, pour toujours, au fond des mémoires
Et au fond de tout cœur, même sur les grimoires,
Les noms des vaillants, soit, mais aussi de leurs frères,
Démontrant aux cieux qu'ils sont tous des dieux sur terre !
Oui ! Honorons les exploits des intelligents
Mais comprenons qu'ils les font avec d'autres gens,
Sans omettre de savoir que tous ceux qui brillent
Portent leur grandeur, comme un garçon d'une fille,
En partie par ceux qui ont pu les révéler,
Ces gens dont l'esprit de bien au leur est mêlé !
Patrick EDÈNE
DONNER, TOUJOURS DONNER
Donner pour le plaisir, que l'on soit jeune ou très âgé.
Donner pour mieux savoir ce qu'est la joie de partager.
Donner pour découvrir la source infinie du bonheur.
Donner pour bien faire de chaque temps une bonne heure.
Donner l'amour que l'on contient, en vérité, en soi.
Donner la paix que l'on veut pour en connaître la joie.
Donner pour bien comprendre la nature de la vie.
Donner pour faire apparaître, en chacun, la même envie.
Donner l'espoir que l'humanité peut être meilleure.
Donner à ceux qui manquent de tout, ici ou ailleurs.
Donner pour apaiser à l'instar d'un soleil d'hiver.
Donner pour être ce qu'est l'essence de l'univers !
Patrick EDÈNE
HISTOIRE DE PÊCHEUR
Pêcheur au bord du ruisseau
Et poisson saute dans l'eau.
Ver mis sur un hameçon,
Et saute toujours poisson.
Une ligne mise à l'eau,
Un poisson dans le ruisseau.
Ver bouge sur l'hameçon
Et est vu par le poisson.
Poisson avale hameçon,
Le ver est dans le poisson
Et pêcheur tire sa ligne ;
Poisson pense : c'est indigne !
Pêcheur décroche hameçon
Puis dans seau est le poisson ;
Dans la poêle alors sera,
Pressé pêcheur mangera,
Mais cela tellement vite,
Un sage bien sûr l'évite,
Que pêcheur s'étouffera
Et aussitôt en mourra.
Pêcheur, poisson, sont les noms
De deux sots morts sans renom !
Et le troisième c'est le ver
Qui n'a pas su fuir ces vers !
Patrick EDÈNE
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