*01*
Derrière le palais
S'endort
L'accord
Du verbe
Ecrit
Sur la pierre
Depuis
La plus lointaine de nuit
Et il sommeille
Comme un otage
Que contient la gorge
Trop peur pour le dire
Pas même le prononcer
A peine le rêver
Ses syllabes
Se cognent aux fêlures,
Et de grands remous
Se plaquent aux joues.
Et nous font pleurer de honte
Hafsa SAÏFI
*02*
Nous ayant révélé notre nom,
Le verbe se meurt dans l'herbe.
Voici donc l'heure
qui conduit
à la nuit carnassière.
Devant sa porte
perdus nous sommes.
Notre regard s'emplit d'effroi,
l'ombre des gisants.
Nous fait face.
Dans ce pays qui s'efface,
tout se tait.
Nous avons besoin d'une voix pour avancer
qui fasse entendre cette vie
qui peuple toujours notre corps
et qui donne force à nos rêves.
Hafsa SAÏFI
*03*
ancêtres
dont les tombes sont profanées
qu'avons-nous fait pour vous protéger
qu'avons-nous fait de votre mémoire
Votre histoire brûle toujours dans nos veines
Et vos pairs, qu'ont-ils inscrit dans vos chairs
pour que vous vous taisiez ainsi
Hafsa SAÏFI
*04*
Il n'y a que le mur
Qui écoute,
Il n'y a qu'en lui
Que s'opère
La trahison intime de la parole.
Hafsa SAÏFI
*05*
Mère
Quand je vois
Un oiseau s'envoler,
Je pense à toi,
Femme libre...
Hafsa SAÏFI
*06*
Vie obscure née de l'ombre d'une voix
Phrase où les hommes ont bâti
L'immobile chemin du temps.
Reflets de larmes dans le ciel,
Quelqu'un traverse le désert des étoiles.
La terre pleine d'amour
Ecoute la pluie sur la rivière,
Nos yeux verser leur liberté.
Hafsa SAÏFI
MA MÈRE
Ma mère est
Comme l'arbre
Une demeure ancienne.
Elle accueille à l'ombre
De ses ailes
Les exilés
Qui gèlent dehors
Pour réchauffer leur corps
Germes purs
Pour que l'arbre pousse
Et finalement surgissent
De nouvelles racines
Hafsa SAÏFI
La reproduction totale ou partielle des textes publiés sur cette page est strictement interdite sauf autorisation préalable de l'auteur.