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NOTRE SÉLECTION DE POÈMES : Franck DELBARRE

Avez-vous écouté le hurlement d’un chien ?


Avez-vous écouté le hurlement d’un chien
Lorsque le soleil fond comme un glaçon
Qu’on a laissé longtemps trop longtemps à l’air libre ?

Savez-vous ce qu’il dit ce long gémissement
Qui fuit par les couloirs d’une étrange façon
De la ville endormie et à l’horizon vibre ?

Sa queue noire étourdie veut frapper la mesure
Tandis que quelques rats peureux du froid qui cause
Récitent leur bréviaire.

Ainsi qu’une pleureuse habillée tout de noir
Devant de profonds murs ce chien toujours plus seul
Se fait de mille pauses un langage éternel
En cette nuit lécheuse des tourments de chacun.

Avez-vous écouté le hurlement d’un chien ?

Franck DELBARRE


Je suis le porteur d’eau


Je suis le porteur d’eau et je suis si petit
Qu’on ne voit que les seaux que je porte sans bruit
Leurs poids pèsent sur moi, m’entraînent  vers la nuit
Mes soupirs et mes pas sont des morceaux de vie.

J’avance et je m’épuise, aurai-je assez de force 
À mener ce combat qui est perdu d’avance ?
Je n’ai pas d’autres choix que de bomber le torse
Sous un soleil de plomb qui me nargue et me tance.


Et je puise ma force à vau-l’eau vers la terre
Ce n’est plus que sanglots et mes pas et mes seaux
Et ma gorge se plie. Je serais mieux là-haut !
Oh ciel emporte-moi, fais sonner le tonnerre !

Franck DELBARRE


Au bord du chemin


Au bord du chemin Je me suis endormi
Ivre de vent et de soleil
J’ai fermé les yeux
C’était pourtant le matin.

Au bord du chemin Je me suis endormi
Le sourire aux lèvres.
A Dieu mes peines
Ta jolie robe de satin.

Au bord du chemin Je me suis endormi
Les caresses du vent joueur
Où s’engouffrent rieuses
Des abeilles nonchalantes.


On dit que des baisers égarés, envolés
Rôdent par les chemins
Les jours de grand soleil.

Franck DELBARRE


Chagrin d’amour


Miné, défiguré tu m’as laissé pour mort
Éclaté en sanglots on ne voit plus mon corps
Sur ce champ de bataille où les mots comme coups
Portés, giclent et sourds tout comme des cailloux.

Innocent, lapidé car tes pas trop pressés
Ont chargé la mitraille à ma face étourdie
Je suis tombé ce jour à moitié dépecé
Aux portes de l’enfer et toi au paradis.

Moi je n’avais pas d’arme et je t’ai regardée
Lancer l’assaut final, c’était joué d’avance
Ce fut un jour de trop et mes yeux inondés
Refermés, figés là, au bout ma délivrance.

Un jour ce sera toi et tu prendras ma place
Vainqueurs d’aujourd’hui sont les vaincus, demain
Et tu te souviendras du jour où je fis face
Sans nulle arme, que toi et tes mots inhumains.

Franck DELBARRE


Je pense à toi, Marie,


Je pense à toi, Marie, ta douceur infinie
Comme je la voudrais dans le creux de ma nuit
Dans le creux de ma main, comme un petit caillou
Trouvé sur un chemin et dont je serais fou !

Je pense à toi Marie car l’enfant que je suis
Et qui a mal grandi te cherche dans sa nuit
Une nuit si lointaine et si douce à la fois
Que je me suis perdu sur un morceau d’étoile.

Je pense à toi Marie. Dans le bleu de tes yeux
Je voudrais voyager pour atteindre les cieux
Venir à toi, léger, léger comme une plume
Les âmes n’ont-elles pas une nature commune ?

Je pense à toi Marie. Vois-tu mon âme en peine
Navire en perdition, je suis sans gouvernail
J’ai comme un vague à l’âme et la mer se déchaîne
Me ballottant trop fort comme un fétu de paille.

Je pense à toi, Marie, quand le soleil se perd
Dans les reflets du jour et la nuit va naissant
Quand le soleil amer comme un fruit défendu
Se cache et vient mourir, au fond, il s’est pendu
On raconte de lui qu’il marque la cadence
De nos actes manqués à nos masques de fer.

Je pense à toi Marie. Vois-tu, le jour s’éteint
Comme un feu essoufflé qui ne me chauffe plus
Tout va se consumer jusqu’au petit matin
Me laissant naufragé et comme à moitié nu.

Je pense à toi, Marie, dans cette nuit sans fin
Profonde comme un lac d’amour, vers toi porté
Je suis le voyageur de mes nuits tourmentées
Ici, ailleurs et las de trouver son chemin.

Je pense à toi, Marie, ton amour infini
Avoir un mot de toi pour y noyer mes maux
Et dans un autre temps pouvoir enfin renaître

Mais j’entends rire aux loin les démons de la fête
Battant du pied, jonglant et jouant de la faux
Comme d’un instrument de manière débile.

Je pense à toi, Marie, vois comme je te prie
De t’asseoir près de moi, me tenir compagnie
Et je rêve d’un jour qu’un jour tu seras là
Tout à côté de moi me murmurer tout bas.

Je pense à toi, Marie, dans un coin de mon ciel
Teinté de gris de bleu aux reflets arc en ciel
Et je me dis qu’un jour un autre jour viendra
Lorsqu’une voix me dit : Ne désespère pas !

Franck DELBARRE

Extraits de «  Je t’emmène voir les coquelicots ! Poèmes entremêlés d’histoires..» Editions Thierry Sajat, 2020


UN PINCEAU SUR LA TOILE...


Il file à douce allure
Et il met en peinture
La trame de nos rêves
Regard d’Adam et Eve,

Et voici des étoiles sur un morceau de soi
Et des quartiers de lune blonde, rousse ou brune
Et des arbres, des prairies
Sous des vents rieurs à l’infini !
Et le monde prend forme.

La nature jaillit tout comme
Des éclats de lumière en somme
Comme si le corps tout entier
A l’infini, sur la toile s’étalait
Faisant de milles pauses
Des vers et puis aussi des roses
Les couleurs du cœur en prose

Franck DELBARRE


TIMIDE


En chemin
J’ai pris ta main
Tu es si jolie !
Et je me sens si bien !

A quoi bon les heures
Quand on nage dans l’bonheur
Le vent soulève un peu ta jupe
Tu me souris, tu n’es pas dupe

Si tu ralentissais le pas
De toi à moi, je n’ose pas
Et puis mon cœur bat bien trop vite
S’emballerait, là, tout de suite

J’ai très envie de t’embrasser
Et si ça ne tenait qu’à moi...
Je t’aurais peut être enlacé
Pour essayer just’une fois

Il se fait tard, tu dois rentrer...

Franck DELBARRE


NOSTALGIE


Vous marchez dans la nuit profonde comme un puits
Où nichent les étoiles. Elles sont parties depuis…
Vers d'autres horizons. Votre bouche et vos lèvres
Sont des croissants de lune où mon cœur s’apaise

Je devine vos yeux sont des vaisseaux de nuit
A l’allure tranquille. Ils sont partis depuis…
Passés comme les mots que je n’ai su vous dire
Et de vague en vague comment vous retenir ?

Si mes nuits sont pareilles à un soleil brisé
Qu’une lune égarée n’a pas voulu charmer
Que dire de mes jours comme de l’être aimé
Que l’on a peur de perdre avant l’avoir trouvé

J’imagine qu’un jour je vous rencontrerai
Au détours d’une rue, d’un passage inconnu
Ce jour là j’en suis sûr je vous reconnaîtrai
Vous n’aurez pas besoin de jouer l’impromptue !

Et quand ce jour viendra mes nuits seront trop longues
A ne penser qu’ à Toi, à refaire le monde !

Franck DELBARRE


LES PAVÉS


Ils hurlent à la mort frappés incessamment
Assaillis de partout ces pavés innocents
Abandonnés de tous seul un passant pressé
Mais le passant passait ne les a pas consolés
Las sans yeux ni tête au fond un peu de pluie
Et comme indifférents avec un cœur qui fuit
Vieille garde oubliée régiment sans nulle arme
Vieillards inconsolés ont-ils encore une âme ?
Quand le jour disparaît car la nuit les apaise
Ils reprennent leur marche, incrédules et blêmes
cortège silencieux à en perdre l’haleine
Ils porteront demain le fardeau de nos peines
Quelque part un chien chinchinant dont l’ombre vagabonde
Les regarde en passant d’une étrange façon
Aboie remue la queue comme pris de folie
On ne saura jamais ce pourquoi il a fui
Ils viennent de partout sont-ils encore là ?
Eux la gorge serrée lorsque sonne le glas
Ils enterrent leurs morts et puis c’est la relève
Et la marche reprend vers le jour qui se lève
Une vieille en sabots cliquetis cliquetant
Console ces marcheurs elle qui vit encore
Leur souffle par ses dents ses quelques dents en or
Des contes de jardin avec des fleurs dedans

Ils ont leurs étendards ces pavés de tristesse
Où la mélancolie vient y faire son nid
Marcheurs depuis des temps à l’allure détresse
Ils portent sur leur dos l’empreinte de nos vies

Franck DELBARRE


La voix: Marche surtout ne te retourne pas
Marche marche droit devant toi
Tu sens la douceur du vent qui te précède
Tu vois ton regard est plus clair

AU MIDI DE MA VIE


La voix: Marche surtout ne te retourne pas
Marche marche droit devant toi
Ne regarde pas le sol se défiler à tes pieds
Et marche vers ton destin

J’ai traversé des tempêtes
J’ai eu mon lot de nuits blanches
Je me suis assis maintes fois
Au bord du chemin perdu tout simplement
J’ai ri pleuré parlé à côté de moi
Je crois j’ai aimé

La voix: Marche surtout ne te retourne pas
Marche marche droit devant toi
Ne regarde pas le sol se défiler à tes pieds
Tu vois ton regard est plus clair

J’ai couru après des bonheurs incertains
Sans savoir trop où j’allais
Suis-je allé au bout du chemin ?
J’ai douté si souvent de tout de rien
Sans écouter la voix au fond de moi
La voix qui aurait pu me dire

La voix: Marche surtout ne te retourne pas
Marche marche droit devant toi
Tu sens la douceur du vent qui te précède
Tu vois ton regard est plus clair

J’ai oublié que tu me regardais
Trop sûr de ce que je croyais être
Suis-je passé à côté ? Sans me regarder
De toi à moi à ce qui semblait
Et le temps est passé si souvent
J’ai parfois cru m’apercevoir errant

La voix: Surtout ne te retourne pas
Écoute le chant des oiseaux
Tu sens la douceur du vent qui te précède
Tu vois ton regard est plus clair

Je me suis dit qu’un jour un jour je serai
Je n’ai pas vu passer les jours
A coups de jamais et de toujours
Tu me parlais je ne t’écoutais plus
Tu me disais Que disais-tu ?
Si j’avais pu je pourrais te dire

La voix: Tu peux te retourner juste un instant
Écoute le chant des oiseaux
Tu sens la douceur du vent qui te précède
Tu vois ton regard est plus clair

Comme le ciel est beau et vaste
Les jardins sont en fleurs
Des amoureux passent sans me voir
Je croise des regards et des sourires
J’entends des promesses
Et des baisers volés sous le vent
Prennent leur envol

Il y a temps de choses à faire
Tant de choses à vivre
Autrement tout simplement Autrement
En prenant le temps par la main
J’ai tant de choses à dire et puis écouter les silences
J’ai tant de choses à faire sans me défaire
Repartir, mais je suis déjà en marche

La voix: Marche surtout ne te retourne pas
Marche marche droit devant toi
Ne regarde pas le sol se défiler à tes pieds
Et marche vers ton destin

Franck DELBARRE

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